A - Vous vous souvenez de l'image que je vous présentais précédemment ? Je vous avais dit que sa culture était plutôt agricole qu'artistique. Bien entendu, il n'avait jamais entendu parlé de cubisme et si il avait entendu parlé de vous c'était pour dire qu'une peinture moche c'était du Picasso. Ses maîtres à lui il les avaient rencontrés soit dans son "Lagarde et Michard" au lycée ou bien quelques revues. Il s'était arrêtè sur Rembrandt et de La Tour. Peut-être parce que son père étant forgeron il avait été impressionné tout petit enfant par la lumière de la forge. En tout cas c'était la lumière dans l'espace qui l'intriguait, l'intéressait. Ondes, particules, il connaissait par ses études mais il se demandait comment représenter la lumière comme une matière qui emplit l'espace. Il me dit combien, bien plus tard, il aura eu un choc face aux installations de James Turrell. Mais également lors d'une visite aux forges du Creusot, pendant ses études, il avait été impressionné par un bloc de métal d'au moins vingt tonnes sortant du four et porté au rouge qui rayonnait d'une lumière matière. De la Tour et Rembrandt en relief et à quelle échelle ! P- Hum ! A - Eh bien, c'est ça qu'il a cherché à rendre. Matérialiser la lumière dans l'espace et il a songé à des choses comme des facettes qui empliraient l'espace et reflèteraient la lumière. Un peu comme les poussières qui flottent en l'air et scintillent au soleil. Il était loin de songer au cubisme mais lorsqu'il a découvert un tout petit peu plus tard votre cubisme analytique et celui de Braque, il a compris quelque chose. Quelque chose comme... comment dire ? Sinon qu'il n'en était pas loin, même si sa quête n'était pas la même. Il ne reste guère d'images de cette période pour vous montrer la progression mais cela me fait songer à vos travaux pour en arriver à ces demoiselles d'Avignon. Toute proportion gardée et sauf le respect... P - Laisse tomber ton respect et montre-moi, plutôt. A - Voilà ce que je peux vous montrer. P - Tu me dis qu'il ne connaissait rien au cubisme ? A - Certes non. A l'époque de l'image d'en haut il faisait plutôt ça. P - Un peu maladroit mais on sent bien son attrait pour de La Tour.
A - Certes, je reconnais ...l'inculture. On peut faire de grandes études et être bien ignorant. Mais tout de même, il travaillait sans modèle et c'est en mettant en œuvre des réflexions géométriques qu'il élaborait ses volumes. Vous vous souvenez que j'ai évoqué la géométrie projective. Là, il me dit qu'il travaillait plutôt la géométrie euclidienne et qu'à cette époque, alors que l'informatique s'ébauchait, que rien en termes d'images numériques n'étant encore vraiment élaboré c'est en considérant des matrices isométriques ( mais là faut que je me méfie... je peux dire des bêtises... il me corrigera) qu'il traitait les mouvements et les volumes.... et cela à la main, car il n'y avait pas encore de calculettes, en s'appuyant sur une structure comme un squelette qu'il habillait ou enveloppait à tâtons... et il n'était pas doué en la matière. P -Hum ... A - Il m'a dit aussi qu'à cette époque il envisageait de considérer l'espace comme un oignon... P- Comme un oignon ? A - Oui, comme un oignon. Plus de plans superposés comme on imagine l’espace et pas infini (l'univers serait fini selon certains et courbe... ça a à voir avec la relativité parait-il) et que du coup ce serait des couches comme les oignons qu'il faudrait considérer. P - Tu vas me faire pleurer si tu continues :-) A - Il parait que cela demandait beaucoup de calculs et il a vite renoncé. Rappelez-vous, il n'y avait pas de calculettes. Mais il a tout de même fait des bouts d'essais.
0 Commentaires
Laisser une réponse. |
Auteurartiste plasticien et mathématicien je ne saurais séparer les deux. Archives
Mars 2019
Catégories |