P - Je ne connais pas les lasers. C’est quoi ? A - C’est vrai, vous ne pouviez pas connaître vu qu’ils se sont développés dans le public dans les années 1980. Disons que c’est de la lumière. Pour ce qui nous concerne ici, d’ordinaire lorsqu’on a une source lumineuse elle émet de la lumière dans toutes les directions ou bien lorsqu’on a un bon projecteur dans un faisceau plus ou moins étroit, alors que le laser émet un pinceau lumineux, un rayon qui ne s’élargit pas ou très peu sur de longues distances. C’est certainement plus compliqué mais c’est ce que j’ai compris et qu’il avait retenu comme une solution pour tracer des lignes ou figures géométriques dans l’espace et sur de très grandes dimensions. Après cela il me faudrait vous parler d’holographie mais c’est un nom barbare qui serait long à développer. P - On dira qu’il s’est passé des choses depuis mon absence. A - Et ce n’est pas tout. Regardez ce qu’il vient de m’envoyer. P - Comment ça ? A – Regardez, là. P - Tu te paies ma tête. Ou bien, plutôt, celle du Caravage. C’est quoi cet engin-là ? A - Ca c’est un iPhone. On peut téléphoner, prendre et envoyer des images, écrire des messages. Si vous voulez vous pouvez lui écrire un mot. P - Je ne sais pas, moi ? A - Attendez je vais lui écrire « Arrête tes seins … je ris :- »… c’est parti. Il a déjà dû le recevoir. Attendons, il va sans doute nous répondre. P - Entre la tête d’Holopherne et l’ananas… je ne trancherai pas. Mais comment peut-on faire cela ? A - Ah, Monsieur Picasso ! Vous seriez surpris de découvrir tout ce que la technologie nous a fourni depuis votre départ chez les Bienheureux. Ah ! il vient de répondre. Il nous envoie sa litanie des seins. Regardez. P - C’est trop petit. Je n’arrive pas à lire.
A - Attendez je vais agrandir. P – Sein Bol, Sein Doux, Sein Dycat…. L’esprit Sein est descendu sur lui pourrait-on dire :-)) A – Je vais lui demander de nous envoyer son étude sur la naissance de l’irrationnel. P – Oui, mais sur votre engin on ne voit rien. C’est trop petit. Je ne sais pas comment vous pouvez vous satisfaire de ça. Parle-moi d’espace plutôt.
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"Polaroid garden" Installation avec le Cosmos Kolej - Wladislav Znorko en 1985 au centre culturel de Feyzin (69) A - Puisque je sens que vous ne m'ajouterez pas à vos demoiselles, je vais poursuivre en vous parlant de son parcours. P - Si je t'avais connue en ces temps, Aphrodite, ... A - Vous vous défaussez. Mais bon, P - Laissons cela aux faussaires, veux-tu ! A - Soit. ... Ces quelques années consacrées à refaire le chemin de l'art contemporain l'avaient éloigné de ses amours anciennes, de La Tour, Rembrandt et il se sentait un peu perdu, si bien qu'il avait même repris l'enseignement tout en pensant à l'espace. Qu'est-ce que l'espace ? Il avait fait l'expérience, une fois, en s'allongeant sur le sol, fixant le ciel bleu sans nuage. Plus de repère, tout était un, comme dans les monochromes d'Yves Klein. Comment, dans cet espace uniforme, distinguer les distances. Passa un oiseau qui semblait lointain et il songea : comment un oiseau perçoit-il l'espace, lui qui n'est pas astreint comme nous à suivre des surfaces ? Silence Du coup je ne sais plus quoi dire... il m'a raconté tellement de choses.... P - Prends ton temps, tu sais depuis que je suis là où je suis.... le temps ne se mesure plus. A - Bien, voyez vous, l'espace c'est du vide, c'est rien si il n'y a pas d'objet.... comme ce ciel bleu si il n'y avait eu cet oiseau à passer. Comme là où vous êtes, le temps se serait également évanoui. Sans doute aurait-il eu faim et son estomac lui aurait signalé. L'espace ne serait, si j'ai bien saisi, que la présence des objets et les relations qu'ils entretiennent. Mais les relations ne sont pas directement visibles. Je me souviens d'un exemple qu'il m'avait donné pour me faire comprendre. Si je mets dans l'espace des fils parallèles à égale distance, quelque soit l'endroit où je me situerai je les percevrai comme parallèles malgré la perspective et d'une manière si régulière que je serai tenté de dire qu'ils sont équidistants. Il y a une loi qu'inconsciemment ou bizarrement j'ai inscrit quelque part qui me donne comme le droit de l'affirmer. On pourrait tricher, modifier la relation. Au théâtre on a créé de fausses perspectives. Cela fonctionne car le spectateur ne se déplace pas. Si il se déplaçait il percevrait encore ces droites comme parallèles mais la perception de la distance serait perturbée. Comme les choses ne se mettent pas en place spontanément, il me racontait une première expérience qu'il avait faite lors d"une séance de travaux pratiques à son entrée à l'école centrale. C'était en 1969, le laser venait tout récemment d'être élaboré. Il se trouvait qu'il y en avait un et pour rigoler il s'amusa à le pointer sur le tableau d'une salle de cours où le professeur était en train d'écrire. Il put suivre les réactions dudit professeur cherchant d’où pouvait bien venir ce point rouge lumineux qui suivait sa main. A cette époque personne ou presque ne connaissait l'existence des lasers et aucune torche n'aurait pu produire une tache aussi petite. Amusé et encouragé, comme c'était un soir de décembre et que le sol était enneigé, il s'était amusé à suivre les gens et puis à diriger le rayon vers les immeubles lointains. A cette distance la zone éclairée était assez étendue et il avait orienté le rayon de manière à rentrer par la fenêtre. de sorte qu'une bonne surface à l'intérieur soit éclairée en rouge. Il se souvient d'avoir vu les gens ouvrir leur fenêtre ou bien sortir sur le balcon. On ne saura jamais ce qu'ils ont pu penser mais on peut imaginer qu'ils aient songé à quelque manifestation d'extraterrestres. Parallèlement il y avait également là un magnétophone six ou huit pistes Phillips. Il se mit à songer que s'il utilisait deux pistes pour enregistrer le son et employait les quatre ou six autres pistes pour enregistrer un signal binaire susceptible de piloter des hauts parleurs disposés dans l'espace, il pourrait spatialiser et diffuser le son dans l'espace. Il n'avait, bien entendu, jamais entendu parlé de la musique concrète et électroacoustique. Bien entendu, également, il ne réalisa jamais cette expérience car il aurait fallu du matériel et y consacrer bien du temps. Mais l'idée de pouvoir piloter le son dans l'espace lui restait en tête. En ce qui concerne le rayon laser, bien plus tard, en 1985, il y avait un rayon laser vert très puissant et visible qui traversait la ville de Lyon depuis le sommet de la tour du Crédit Lyonnais à la Part Dieu jusqu'à la basilique sur la colline de Fourvière, distante d'environ deux à trois kilomètres. C'était impressionnant mais certainement si onéreux qu'il ne pouvait pas envisager d'en posséder. Ce qui l'avait marqué dans cette expérience c'était à la fois la rectitude, la finesse, la longueur de la ligne ainsi que sa matière, mais aussi la liaison, la relation qu'elle établissait dans l'espace entre deux points significatifs qu'on ne songeait pas à rapprocher d'ordinaire. Notez que le rayon était visible car, soit il y avait du brouillard, soit assez de poussières dans l'air, mais également parce que le laser était puissant. Si puissant que celui-ci devait être refroidi en permanence par un circuit d'eau. |
Auteurartiste plasticien et mathématicien je ne saurais séparer les deux. Archives
Mars 2019
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