Ndlr : Ici c'est le monde à l'envers. Les premiers sont les derniers. Nous vous invitons à remonter jusqu'à la première page pour suivre le fil de la discussion. A – Vous vous êtes reposé ? P – Oui. J’en avais besoin. Ton histoire, ton ami m’intéressent mais je n’ai plus la même énergie. A – On peut continuer ? P – Bien sûr. A – Pendant que vous vous reposiez j’ai revu certains de vos travaux. Celui-ci par exemple. On dirait ma tante. Un peu tordue mais elle était tordue. On allait la voir quand on était en manque. Elle nous prêtait de l’argent mais fallait toujours laisser quelque chose en gage. Mes parents ont eu beaucoup de démêlés avec elle et je n’aimais pas lorsqu’on devait aller chez ma tante. P – Ça me rappelle quelque chose… il y avait une expression … A – On continue ? P – Tu continues. Tu ne ressembles guère à ta tante. A – Normal. Nous Sénoufo, pas elle. Je continue ou bien je vous parle de ma tante ? P – Continue. A – Je vous parlais de cette anamorphose sur l’eau qu’il a réalisée. En fait elle était constituée de deux éléments. Le premier était une croix qui fonctionnait comme une anamorphose habituelle. L’autre était, pour simplifier, un cercle posé sur l’eau, donc pas en anamorphose. Bien entendu, lorsqu’on regardait, les deux éléments étaient vus en perspective. Lorsqu’on se déplaçait, la vue en perspective des deux éléments créait un contraste, comme une ambiguïté. La croix déformée semblait se redresser alors que le cercle nous semblait toujours demeurer un cercle. Par ce contraste on avait vraiment l’impression que la croix se relevait de l’eau alors que le cercle semblait toujours y flotter. L’explication qu’il me donna de ce phénomène paradoxal est le suivant. La croix qui, du point de vue où on l’abordait (depuis la route en passant) ressemblait plutôt à un ciseau prenait petit à petit, en nous déplaçant, la forme d’une croix régulière. De son côté le cercle qui était perçu comme une ellipse lorsqu’on abordait demeurait toujours une ellipse. Bien sûr cette ellipse se déformait mais demeurait ellipse. C’est alors qu’il évoquait que cette ellipse, comme une image subliminale, était perçue comme un cercle et demeurait cercle dans notre esprit tout au long du déplacement. Nous ne voyons jamais de cercle, ce ne sont que des ellipses car il faut que notre regard soit exactement perpendiculaire au plan du cercle. Hors c’est très rare. Cependant comme on nous a dit que c’était un cercle, on associe cette image elliptique perçue à celle du cercle et c’est cela qu’on intériorise. Donc quel que soit l’ellipse on y associera l’idée de cercle et du même cercle, même si on voit bien l’ellipse se déformer Ainsi, dans notre déplacement les déformations de l’image de la croix et du cercle suivent dans notre cerveau deux évolutions différentes. : la croix se confirme alors que le cercle ne semble pas évoluer. Le contraste induit dans notre esprit l’illusion que la croix se redresse alors que le cercle demeure sur l’eau. Bon, de plus comme je vous disais qu’il était attentif aux détails du lieu il avait pris soin de placer la croix à cheval sur la vanne de purge de l’étang, comme vous le voyez sur la photo. Ce qui accentuait l’effet de redressement. On avait l’illusion que la croix décollait de l’eau en échappant, de plus, à la vanne. Notez également, puisque tout avait été calculé au préalable et préparé en atelier, Notez qu’il avait choisi le bon point de vue non pas sur la berge mais sur l’étang et que pour vérifier exactement il aurait fallu marcher sur l’eau. Bien entendu en nous approchant de la berge on voyait l’image se confirmer mais au final on était frustré.
P – Plutôt calé ton ami et plutôt qu’un calembour, ou une cale en bourre je dirais que c’était une sacrée vanne qu’il nous livrait. A – C’est comme ça qu’il aime s’amuser avec les maths. Faites l’humour pas l’amère, même si ici plutôt que de la mer on devrait parler d’étant. P – Passe l’étang,… sonne l’heure… ça me rappelle mon ami Apollinaire… aïe, aïe, aïe bien de l’eau est passée sous le pont Mirabeau depuis.
1 Commentaire
gallais
3/11/2019 04:43:50 pm
J'y crois pas... faut-il marcher sur l'eau pour vérifier ?
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Auteurartiste plasticien et mathématicien je ne saurais séparer les deux. Archives
Mars 2019
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